mardi 6 avril 2010

Pourquoi êtes vous si tristes ?


Pourquoi êtes vous si tristes ?

"Je tiens jusqu'à preuve du contraire, chaque homme pour un coquin" me disait un jour un perspnnage instruit et bien élevé qui avait fait d'amères expériences dans ses rapports avec ses semblables. Ce contempteur de l'humanité était d'une fidélité scrupuleuse en affaires et accomplissiait avec une minutieuse exactitude les devoirs de sa vocation. Mais il ne fallait rien lui demander de plus. Il regardait son prochain avec défiance, c'est-à-dire sans amour. Inutile d'ajouter qu'on lui rendait la pareille. J'ai souvent rencontré des gens ainsi faits. L'expérience de la vie ferme le coeur et remplit d'amertume; rien de plus naturel, mais aussi rien de plus triste. Les personnes défiantes empoisonnent leur propre vie. Elle ne sont ni le sel de la terre ni la lumière du monde. Tout en croyant connaître la nature humaine, elles ne voient qu'un seul côté, le mauvais. Or l'ignorance complète, est moins dangereuse vaut mieux qu'une connaissance imparfaite


Notre Sauveur, bien qu'écrasé par les hommes, a toujours vu la cote divine de la nature humaine. Cloué sur la croix par son peuple, il prie pour ses bourreaux, persuadé qu'il y a encore quelque chose à faire pour eux et il sauve le brigand crucifié à ses côtés.

Tel le maître, tels les disciples. Nous avons déjà montré dans un autre ouvrage, montré St Paul occupé pendant son voyage à Rome, des malfaiteurs, des soldats et des matelots. Joseph, dans la prison, ce Joseph qui certes avait assez vu les mauvais côtés de ses semblables, agot de même. Il n'a pas devant les yeux l'exemple du Christ, mais ses rapports avec le Dieu dont il connaiît la miséricorde, la patience et la fidélité le rendent compatissant et confiant.
Un jour, en faisant sa tournée dans sa prison, il rencontre les deux officiers royaux que nous connaissons. Son regard s'arrête sur eux il s'aperçoit qu'ils sont tristes. Il n'est donc pas absorbé par sa propre souffrance, il regarde les autres avec sympathie. Il est animé de bienveillance à leur égard. S'adressant cordialement à eux : "Pourquoi avez-vous si mauvais visage aujourd'hui ?" demande-t-il. Cette sollicitude ne rentrait pas dans son service. Il n'avait pas charge d'âmes vis-à-vis des prisonniers, il est vrai, mais l'enfant de Dieu se sent toujours pressé de s'occuper de l'âme de ses frères.

Il ne peut faire autrement. Le serviteur est toujours en même temps le serviteur des hommes. Il ne saurtait voir un homme affligé sans brûler du désir de changer cette tristesse en joie. La question de Joseph est une des plus belles paroles qui soit tombé de la bouche d'un homme. Elle est belle parce que celui qui la prononce se trouve lui-même dans une si triste position qu'il aurait pu se dire : "Mon propre fardeau est assez lourd; je n'ai pas le temps de m'occuper de celui des autres". Sans qu'il s'en doutât, cette question bienveillante devait lui attirer plus tard les plus grands honneurs.

Oh ! Qu'il est beau de voir un homme sympathiser ainsi aux tristesses des autres ! Vouloir, c'est pouvoir, ici comme ailleurs. Il y a sans doute des personnes douées d'un talent tout particulier pour deviner leurs semblables. Si l'amour n'accompagne pas ce don, ou bien il reste stérile, ou bien il est employé pour le mal. L'amour fraternel apprend à lire dans le coeur des autres, il communique quelque chose de ce don divinatoire qui réchauffe comme un doux rayon de soleil. Que la chose est rare !

Nombrreux les hommes qui, perdus dans l'égoïsme, suivent leur propre chemin sans s'inquiéter de leur prochain ou ne s'occupe que de lui que s'il peut servir leur intérêts ou leurs plaisirs. A quoi sont bons les gens tristes ? Ils n'ont rien à donner, ils s'attendent au contraire à recevoir de l'amour et de la sympathie. Il faut s'en débarrasser au plus vite. Les mélancoliques ne sont pas faits pour les réunions joyeuses. Il faudrait commencer par les égayer. et c'est une lourde tâche.
Une autre forme de l'égoïsme, c'est la distraction, l'homme distrait concentre ses pensées sur un point unique d'où il ne veut ou ne peut pas en sortir. Il n'entend pas ce qu'on lui dit, ne voit pas ce qu'on lui montre, ne remarque rien de ce qui est autour de lui. Il y a certaines situation où cet état d'âmes a son excuse, mais alors il faudrait éviter la société de ses semblables. Le distrait, qu'il soit préoccupé de choses agréables ou pénibles, des projets bons ou mauvais est incapable de s'intéresser aux autres.

Comment vous portez-vous ?" dit-il en abordant une connaissance, puis il n'écoute même pas la réponse, bien loin de l'avoir devinée sur la physionomie de l'interlocuteur. Le distrait traverse la vie sans entendre les soupirs, sans voir les larmes, sans comprendre les douleurs secrètes de ceux qui sont trop tristes, ou trop timides ou trop fiers pour étaler leur chagrin au grand jour. Nous ne devrions jamais aller dans la société de nos semblables sans avoir auparavant prié Dieu d'ouvrir nos yeux pour nous faire sympathiser aux souffrances cachées des autres. On diminue déjà le fardeau quand on montre qu'on l'a deviné et qu'on le comprend.
Je remarquais dernièrement le soin avec lequel un conducteur de tramway aidait une dame âgée à descendre de voiture. Je demandai au conducteur qui était cette dame. "Je ne sais pas son nom" répondit-il mais "c'est un ange" ! Ce matin, j'ai vu mourir mon unique enfant. J'ai dû quitter son lit de mort pour aller à mon travail et tout le jour je n'ai pu parler de ma souffrance à personne. Les messieurs et les dames qui montraient dans le tramway ne voyaient en moi qu'une machine faite pour donner des billets. Enfin vint cette dame, elle me regarda avec attention, me demanda ce que j'avais pour être si triste
Personne ne s'était avisé de me faire cette question. Je pus tout lui raconter. Elle me serra la main sans rien dire, si grande était sa compassion, et des larmes coulèrent le long de ses joues. Le conducteur pleurait lui-même en me racontant la chose.

SOURCE:INCONNU


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