mardi 24 août 2010

Epidémie de dengue : « Soyons vigilants »






Moustique-tigre (Aedes albopictus) est une espèce originaire d'Asie du sud-est et de l'océan Indien. C'est son corps, noir tigré de blanc, qui lui a donné son nom. En zone tropicale, il peut inoculer une trentaine de virus, propageant le chikungunya, le virus du Nil occidental, l'encéphalite de saint-Louis et parfois la dengue (Photo AFP)

Le service des maladies tropicales du CHU de Bordeaux reçoit entre 8 et 10 patients touchés par la dengue chaque semaine. Aucun moustique dangereux ne réside pour l'heure en France, mais il faut rester vigilant.

Le docteur Marie-Catherine Receveur et le professeur Denis Malvy, infectiologues, tropicalistes à l'hôpital Saint-André de Bordeaux, assurent les soins, la prévention, la recherche. Photo Éric Despujols || Despujols Eric
Moustique-tigre (Aedes albopictus) est une espèce originaire d'Asie du sud-est et de l'océan Indien. C'est son corps, noir tigré deblanc, qui lui a donné son nom. En zone tropicale, il peut inoculer une trentaine de virus, propageant le chikungunya, le virus du Nil occidental, l'encéphalite de saint-Louis et parfois la dengue (Photo AFP)
Le Chef de service des Urgences, Dr François Besnier (G), visite un patient souffrant de la dengue, le 17 août 2010, au CHU de Fort-de-France. (Photo AFP)|| PATRICE COPPEE
La dengue, le chikungunya, le trachome cécitant, le paludisme sont les principaux maux que traque, débusque et soigne l'équipe du professeur Denis Malvy au CHU de Bordeaux, au sein de son service de médecine tropicale. En ce moment, entre 8 et 10 patients atteints par la dengue se présentent chaque semaine à l'hôpital Saint-André. La plupart arrivent de vacances aux Antilles, en Afrique ou au Laos.

« Nous surveillons les symptômes : fièvres, maux de tête, douleurs articulaires, musculaires, troubles digestifs, hémorragies, remarque le professeur Malvy. Les premiers symptômes surviennent quatre à cinq jours après la piqûre du moustique. Il n'existe pas de traitement spécifique, pas plus que de vaccin. On observe donc l'émergence de signes de gravité : choc tensionnel ou hémorragie. Seuls ces cas sont hospitalisés, et ils sont rares. Normalement, au bout de cinq jours de fièvre, tout danger est écarté. »

Moustique voyageur

Chaque année, 50 millions de personnes sont piquées par le moustique de la dengue, appelé Aedes : « Un coriace, qui préfère les zones chaudes, humides, mais très capable de s'adapter ailleurs », admet le professeur Malvy. Parmi les piqués, 500 000 présentent des problèmes. « Attraper une fois la dengue n'immunise pas, reprend le docteur Receveur. Il existe quatre sérotypes différents, avec des niveaux de virulence différents. La dengue qui sévit actuellement est la dengue 3, réputée sévère. »

Avec les migrations de population, le réchauffement climatique, l'activité humaine, le moustique voyage. Le moustique Aedes s'est universalisé, sans qu'on lui réclame ses papiers. Ainsi trouve-t-on désormais des Aedes en France, en zone méditerranéenne, et toute la Provence-Alpes-Côte d'Azur est concernée, ainsi que la Corse. Pour l'instant, on ne connaît pas de cas de victime de ce moustique qui ait été piquée sur le territoire français.

Éliminer les gîtes larvaires

Le service des maladies tropicales de Bordeaux est réactif vingt-quatre heures sur vingt-quatre, afin de répondre aux urgences sanitaires de portée internationale. D'autre part, il est partenaire du comité de lutte antivectorielle, une équipe de techniciens dont la mission est de dénicher les moustiques, les nôtres, des enquiquinants qui hantent nos nuits et que les scientifiques appellent Culex. Ceux-là, s'ils se révèlent pénibles, ne sont a priori pas dangereux. Le Comité antimoustiques traque aussi, et ici, en Aquitaine, l'Aedes, celui qui transmet la dengue et le chikungunya.

« Ils récoltent les insectes et analysent les moustiques, afin de connaître leur virulence, précise Denis Malvy. Ils luttent aussi contre leur prolifération en éliminant tous les gîtes larvaires. À ce jour, nous n'avons détecté que des moustiques Culex, mais même ceux-là pourraient un jour se révéler plus offensifs qu'ils ne le sont actuellement. Nous sommes très vigilants. »

Ce Comité antimoustiques qui agit dans toute l'Aquitaine est financé par les collectivités territoriales, le Conseil général, en partenariat avec, donc, le CHU de Bordeaux et l'Agence régionale de santé, dont c'est désormais une toute nouvelle mission.

Moustique Aedes

La dengue est une maladie virale en progression dans le monde, transmise par le moustique Aedes. Décrite sous le nom de « grippe tropicale » dès le XVIIIe siècle, elle est aujourd'hui présente dans 100 pays d'Afrique, des Amériques, du Moyen-Orient, d'Asie du Sud-Est, du Pacifique. Dans la majorité des cas, l'infection évolue spontanément vers la guérison. Une épidémie sévit depuis février aux Antilles, contre laquelle il n'existe ni vaccin ni traitement. 33 000 cas ont été dénombrés en Guadeloupe (4 décès) et 25 600 en Martinique (13 décès). Seul moyen de la combattre : lutter contre la prolifération des moustiques en traquant les eaux croupies (coupelles, pots de fleurs, marigots), où se trouvent les gîtes larvaires. Un plan d'action a été déclenché, avec le concours de l'armée, qui se rend dans les écoles pour exterminer les gîtes larvaires, à quelques jours de la rentrée.

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