dimanche 7 novembre 2010

L’Eglise et l’Etat Eberhard Arnold

 L’Eglise et l’Etat Eberhard Arnold

L’Eglise et l’Etat

En août 1934 Eberhard Arnold(1) parla longuement de l'exhortation de Paul dans Romains 13 : « Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures. » Il était de plus en plus persuadé qu'ils vivaient à la fin des temps et que l'Etat fut la bête de l'abîme dont parlait l'Apocalypse. Il commença son discours par un aperçu de la situation politique en Europe et les Etats fascistes de l'Autriche sous Dollfuss, l'Italie sous Mussolini, et l'Allemagne sous Hitler.(2)

Aucun Etat gouverné par une monarchie absolue n’a eu une centralisation telle que celle qui existe aujourd'hui dans cet état fasciste. Tout comme le monarque était censé représenter l'Etat tout entier, de la même manière le centralisme d'aujourd'hui doit résumer tout en une seule personne : dans les dictateurs Mussolini, Hitler, et Dolfuss. La Rome impériale vient à l'esprit. Mais aucun empereur ne réclama une telle idolâtrie, une telle déification de sa propre personne, comme le font les dictateurs d'aujourd'hui. Pour Néron et d'autres empereurs des petits autels d'encens furent érigés ici et là, où des petites boules d'encens devaient être offertes pour témoigner à la signification religieuse de la puissance impériale unifiée — au génie de l'empereur, non à l'empereur en personne, mais au génie de l'empereur (…)

Mais en dehors de ces petits autels, ni Néron ni aucun autre empereur romain ne porta jamais l'affaire au point qu'à chaque coin de rue on proclame « Salut, Néron ! » Le dictateur d'aujourd'hui est si complètement dépourvu de tout élan d'esprit religieux ou surnaturel qu'il ne croit même pas au génie du dictateur, sinon à la petite personne du dictateur. Ainsi l'idolâtrie est banalisée aujourd'hui de la manière la plus vulgaire. Ce sont la voix haute, les cheveux, et le nez du dictateur qui sont adorés. Il est tout simplement l'être humain qui devient l’idole. En conséquence l'autorité est aussi dépourvue de tout génie. Ce que dit le dictateur est accompli. La pensée est interdite. Celui qui pense est pendu.

Le fascisme moderne s’est effondré au point que l'on peut le pleurer jour et nuit. La liberté de pensée est interdite. La justice objective est abolie. Goebbels dit : « Si nous avons raison, il s'ensuit que personne d'autre n'a raison. Pour nous, il n'y a pas de justice autre que celle qui sert à nos intérêts. » Ainsi, il n'y a absolument point de justice. La stupidité règne. C'est un état épouvantable au XXe siècle. Qui est-ce qui croit toujours au progrès ?

Je ne crois pas qu'une telle conception, dépourvue de toute spiritualité, n’eût jamais eu de l’empire chez les Indiens d’ Amérique ou les races primitives germaniques de l'Europe. Là, le chef ou duc fut tenu à respecter les décisions de l'assemblée législative ou la convention ; il fut lié à l'endroit de convention et à la conception juridique de l'ordre du corps politique. Aujourd'hui, cependant, l'égoïsme national et l'assertion du groupe tyrannique actuel contrôlent la loi et la justice et toute pensée.

Où est le pouvoir qui s'oppose à cette force ? Qu'est-ce que la monarchie parlementaire en Angleterre fait ? Que font les autres pays qui ont des grandes traditions spirituelles ? Que font les églises ? Que font les grandes philosophies et les grands mouvements spirituels ? Quelle position s'ensuit pour les églises et les mouvements intellectuels en Allemagne ? Le pape signe un concordat après l'autre avec Hitler. Des raids sur le palais de l'évêque, l'assassinât de deux des prêtres catholiques les plus remarquables, des prêtres arrêtés et emmenés dans des camps de concentration — rien de tout cela n’empêche le pape de traiter raisonnablement et respectueusement avec Hitler encore et encore. Les protestants sont dirigés par un religieux [Ludwig Müller] doué d'une ignorance sans précédent depuis des milliers d'années (…) Il semble qu'une église établie après l'autre succombe à la violence brutale et une tromperie ignoble.

Il est intéressant de noter que les synodes des églises confessantes ont publiées le slogan « Pas de séparation de l'église ! », ce qui paralyse toute énergie. Car, lorsque l'église devient impie on ne peut pas dire : « Nous protestons, mais nous restons dans l'église. » Quand l'église est gouvernée par des démons et de l'idolâtrie, on ne peut pas dire : « Nous protestons, mais nous restons dans l'église. » Même les groupes qui manifestent dans les églises catholiques et protestantes rendent hommage inconditionnel à l'état actuel. Ils tendent le « Heil Hitler ! » Ils sont prêts à s'engager activement dans les fonctions du gouvernement. Alors à quoi bon si, au sein de la hiérarchie de l'église, ils protestent des incidents isolés qui conduisent à la suppression de la liberté d'expression, des assassinâts brutaux et toutes sortes d'autres horreurs, tout en soutenant dans l'ensemble en même temps l'application de ce système maléfique ?

La raison de cette attitude piètre et faible est claire. C'est le châtiment qui s'ensuit du fait que l'église réformée n'a jamais pris l'attitude claire vis-à-vis l'Etat et la société que prenaient les premiers chrétiens. C'est le châtiment de son péché historique, qui remonte à son attachement aux autorités princières pendant la Guerre des Paysans, quand elle commit un crime contre le mouvement populaire anabaptiste — tout comme en Angleterre au temps d'Oliver Cromwell, quand le christianisme se vendait à l'Etat. La cause de l'erreur d'Oliver Cromwell réside aussi dans une mauvaise compréhension des paroles de Paul aux Romains (chapitre 13) : « Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures. » Les grandes églises défendent toujours leurs intérêts dans l'état par les versets 1-5 :

Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures. Car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. C'est pourquoi celui qui s'oppose à l'autorité résiste à l'ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes. Ce n'est pas pour une bonne action, c'est pour une mauvaise, que les magistrats sont à redouter. Veux-tu ne pas craindre l'autorité ? Fais-le bien, et tu auras son approbation. Le magistrat est serviteur de Dieu pour ton bien. Mais si tu fais le mal, crains; car ce n'est pas en vain qu'il porte l'épée, étant serviteur de Dieu pour exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal. Il est donc nécessaire d'être soumis, non seulement par crainte de la punition, mais encore par motif de conscience.(3)

Ils utilisent les versets 6-7 pour dire que, par conséquent, le chrétien doit payer des impôts.

C'est aussi pour cela que vous payez les impôts. Car les magistrats sont des ministres de Dieu entièrement appliqués à cette fonction. Rendez à tous ce qui leur est dû : l'impôt à qui vous devez l'impôt, le tribut à qui vous devez le tribut, la crainte à qui vous devez la crainte, l'honneur à qui vous devez l'honneur.

Mais ensuite, vient la réponse de Paul aux tâches du gouvernement, la réponse de l'amour (versets 8-10) :

Ne devez rien à personne, si ce n'est de vous aimer les uns les autres; car celui qui aime les autres a accompli la loi. En effet, les commandements : Tu ne commettras point d'adultère, tu ne tueras point, tu ne déroberas point, tu ne convoiteras point, et ceux qu'il peut encore y avoir, se résument dans cette parole: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L'amour ne fait point de mal au prochain : l'amour est donc l'accomplissement de la loi.

Il n'y a pas d'Etat sans force policière qui manie l'épée. Ainsi, au moyen de l'Etat, Dieu agence par la colère et l'épée. Cela a été décrété par Dieu dans le monde non chrétien pour que le mal ne prenne pas le dessus. Les violeurs et les assassins ne doivent pas être permis de tuer toutes les petites filles. Ça, c'est l'ordre de Dieu pour l'enfer. Dieu a aussi un ordre en enfer ; Dieu a également un ordre face au mal et à l'injustice — que nous ne devons jamais oublier. En ce qui concerne le mal, Dieu doit relativiser — aussi longtemps que le mal existe. Par conséquent, l'Etat et la police sont l'ordre de Dieu dans le monde du mal, pas dans le monde du bien. Dans le monde du mal la relativité de Dieu règne. Nous ne pouvons pas nous lever à Londres pour prêcher « A bas, tous les policiers ! » Nous n'avons pas de querelle avec la nécessité d’un ordre maintenu par les autorités gouvernementales sur le monde du mal. Ce serait une erreur.

Mais voici maintenant l'absolutisme de Dieu dans l'amour (versets 8-10). Le domaine absolu de l'amour ne prend pas une part active dans la force de l'Etat. Dans le domaine absolu de Dieu, l'ordre de la police et l'armée n'existent pas. Il y a deux régions. L'une des régions est celle du mal et du pouvoir politique. L'autre région est celle de l'amour et du Saint-Esprit sans une participation active au pouvoir de l'Etat (…) Le monde de la lumière pure et l'amour pur n'a rien à voir avec la violence.

Hitler est un seigneur de l'enfer désigné par Dieu. Pharaon fut un instrument de Dieu. Il fut un instrument de la colère de Dieu (…) Dieu n'abandonne pas tout à fait l'humanité, et donc il leur donne un ordre relatif. S'il l'abandonnait complètement, l’humanité ne respirerait même pas un instant de plus. Il n'aurait non plus quoi que ce soit à manger. C'est pourquoi Dieu permet son soleil et sa pluie de tomber et sur les bon et sur les mauvais. Aucun être humain n'existe en qui rien de Dieu ne demeure. Même dans une prostituée il en reste encore une trace de Dieu (…) Même dans un bordel Dieu a toujours son ordre : même dans une armée. Mais c'est un ordre de l'enfer.

Maintenant, quelque chose de plus sur l'origine diabolique de l'Etat, telle qu'elle est décrite par Jean dans l'Apocalypse chapitre 13 : « Le dragon lui donna sa puissance, et son trône, et une grande autorité. » Cela signifie que le dragon donne sa puissance à l'Etat. Les hommes « adorèrent le dragon. » Les hommes adorent la bête en Hitler et disent : « Qui est comme Hitler ? Qui peut s'opposer à Hitler et la SA ? Qui a son égal ? » « Ils adorèrent la bête, en disant : « Qui est semblable à la bête, et qui peut la combattre ? » (Apocalypse 13.4). Cela ne s'applique pas seulement à Hitler. Il s'applique également à l'Etat parlementaire britannique. Regardez l'Inde, l'Irlande, et la Palestine !

Et il lui fut donné une bouche qui proférait des paroles arrogantes et des blasphèmes; et il lui fut donné le pouvoir d'agir pendant quarante-deux mois. Et elle ouvrit sa bouche pour proférer des blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, et son tabernacle, et ceux qui habitent dans le ciel. (Apocalypse 13:5-6).

Donc, il est donné à toute grande puissance de blasphémer contre Dieu.

Et tous les habitants de la terre l'adoreront, ceux dont le nom n'a pas été écrit dès la fondation du monde dans le livre de vie de l'agneau qui a été immolé » (verset 8). « Si quelqu'un mène en captivité, il ira en captivité ; si quelqu'un tue par l'épée, il faut qu'il soit tué par l'épée. C'est ici la persévérance et la foi des saints (verset 10).

Les chrétiens n'ont pas une part active dans ce domaine. On ne peut pas servir deux maîtres. Celui qui tue par l'épée doit être tué par l'épée. La sainte église souffre la mort par l'épée et ; elle a la foi en Dieu sans se venger. « C'est ici la persévérance et la foi des saints. » Ce qui veut dire de tout supporter avec patience. L'Agneau est immolé, mais l'Etat tue.

La chose la plus terrible, cependant, est exprimée dans les versets 11 à 17 :

Puis je vis monter de la terre une autre bête, qui avait deux cornes semblables à celles d'un agneau, et qui parlait comme un dragon. Elle exerçait toute l'autorité de la première bête en sa présence, et elle faisait que la terre et ses habitants adoraient la première bête, dont la blessure mortelle avait été guérie. Elle opérait de grands prodiges, même jusqu'à faire descendre du feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes. Et elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu'il lui était donné d'opérer en présence de la bête, disant aux habitants de la terre de faire une image à la bête qui avait la blessure de l'épée et qui vivait. Et il lui fut donné d'animer l'image de la bête, afin que l'image de la bête parlât, et qu'elle fît que tous ceux qui n'adoreraient pas l'image de la bête fussent tués. Et elle fit que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, reçussent une marque sur leur main droite ou sur leur front, et que personne ne pût acheter ni vendre, sans avoir la marque, le nom de la bête ou le nombre de son nom.

La deuxième bête est l'Eglise institutionnelle. Elle comprend les églises protestantes et catholiques du monde ! La révolution est la plaie continuelle de la première bête, celle de l'Etat. Mais aucune révolution ne la détruit, car une partie de la nature même de l'Etat est qu'elle chute constamment et est guérie à nouveau. Mais c'est l'église mondiale qui fait « que la terre et ses habitants [adorent] la première bête ». Ludwig Müller le fait chaque jour. Il dit que les gens devraient accrocher des photos d'Hitler dans toutes les chambres et les placer sur les autels. Le verset 15 dit : « Et il lui fut donné d'animer l'image de la bête. » Hitler reçoit de l'esprit à travers l'église : « ... et qu’elle fît que tous ceux qui n'adoreraient pas l'image de la bête fussent tués. » Celui qui refuse de dire « Heil Hitler » est tué. Plus loin (versets 16-18) toutes les personnes — petites et grandes, riches et pauvres, libres et esclaves — acceptèrent toutes la marque sur la main droite ou au front : qu'elles soient libres ou esclaves, capitalistes ou prolétaires. Les prolétaires et les capitalistes acceptent la marque : au front, la croix gammée sur leur casquette militaire ; à la main droite, la croix gammée sur le bras droit — et là où il n’y a pas de croix gammée, l'insigne équivalent des autres nations. Le plus terrible de tout est la conséquence économique. Tout est numéroté. Personne ne peut ni acheter ni vendre sans le chiffre, et la blâme retombe sur l'église mondiale. Il revient à ceci : l'état entier conduit à la déification de l'homme et de sa force et puissance ! Le grand péché de l'Eglise est qu’elle le soutient et contribue à la déification de l'homme.

Maintenant, cependant, Paul dans le même chapitre treize de son épître aux Romains, donne encore une deuxième réponse à la question du gouvernement, la réponse de l'avenir de Dieu.

Cela importe d'autant plus que vous savez en quel temps nous sommes: c'est l'heure de vous réveiller enfin du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru. La nuit est avancée, le jour approche. Dépouillons-nous donc des œuvres des ténèbres, et revêtons les armes de la lumière. Marchons honnêtement, comme en plein jour, loin des excès et de l'ivrognerie, de la luxure et de l'impudicité, des querelles et des jalousies. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ, et n'ayez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises.

Le royaume de Dieu est proche : le jour est venu ! Les œuvres des ténèbres, ce sont les armes qui tuent. La haine et l'impudicité appartiennent à l'obscurité tout comme le meurtre. La conclusion dans l'ensemble est de vivre comme Jésus Christ.

1 Eberhard Arnold, fondateur du mouvement Church Communities International (anciennement le Bruderhof).

2 Cet article est extrait d’An Embassy Beseiged : The Story of a Christian Community in Nazi Germany, par Emmy Barth, disponible en anglais de Wipf and Stock Publishers. Le passage d’Eberhard Arnold est à son tour extrait de l'article « Christians and the State », The Plough, Printemps 1940.

3 Toutes citations bibliques viennent de la version Louis Segond.

Ne tournez pas la page, déchirez-la !


Ne tournez pas la page, déchirez-la !

"Il y a un temps pour déchirer !" Ecclésiaste 3.7

Dans votre vie, il y a des pages qui se sont tournées et c’est très bien ainsi. Mais il y a aussi ces autres pages qu’il vous faudra apprendre, non plus à tourner, mais à déchirer ! Cet acte est dépendant de votre volonté, et c’est vous seul qui pouvez l’effectuer. Ne soyez pas de ceux ou de celles qui pensent, à tort, que Dieu doit tout faire et qu’il va venir déchirer la page tachée, souillée, salie, ratée, manquée… Non, lui, il attend que vous décidiez de le faire afin de vous aider à repartir sur autre chose.

Il y a un temps pour tourner des pages et un temps pour les déchirer : ce temps-là est venu pour vous et c’est aujourd’hui qu’il faut le faire. Déchirez cette page remplie de regrets liés à un échec. Allez-vous y passer votre vie ? Comprenez qu’avec Dieu, aucun échec n’est définitif, à moins que vous refusiez de déchirer cette page-là, une page pleine de remords. Cependant, ceux-ci ne servent à rien, si ce n’est à culpabiliser l’être humain : oui, vous avez trahi la confiance qu’on vous avez accordée ; oui, vous avez déçu votre conjoint ; oui, vos enfants souffrent de votre péché. Tout cela est vrai, c’est écrit sur l’une des pages de votre vie en lettres de feu. Vous vous êtes repenti, vous avez demandé pardon, et dans la mesure du possible vous avez réparé. Vous avez fait votre part, alors qu’attendez-vous pour déchirer la page ?

La grâce de Dieu, c’est cela ! Au ciel, l’acte qui vous condamnait a été lacéré par le Seigneur (Colossiens 2.14). Seriez-vous plus grand que Dieu pour sans cesse y revenir ? La page de la maladie qui n’est pas guérie et de vos questions sans réponse, y passerez-vous votre vie ? Dieu a les réponses à toutes vos questions et s’il ne vous les a pas encore données, c’est son affaire. Déchirez cette page de questions inutiles qui vous bloque !

Qui décidera de déchirer la page inutile dans l’histoire de sa vie aujourd’hui ! Moi j’en fais le choix ! Et vous ?

Une décision pour aujourd’hui

Seigneur, j’ai tourné cette page si souvent, mais j’y reviens sans cesse. Je prends la décision spirituelle de déchirer cette page-là maintenant, et je sais pouvoir compter sur ta grâce pour y arriver. Amen.


Samuel Foucart

La Puissance d'un baiser



La Puissance d'un baiser


Abordez le sujet de l’éducation avec Éric et il évoquera très certainement son enfance. Troisième d’une famille de huit enfants, il a grandi dans un quartier résidentiel agréable et tout le voisinage considérait sa famille comme un foyer modèle. Médecin et père de famille dévoué, le père d’Éric rentrait de son cabinet à l’heure chaque soir et s’absentait rarement le week-end. Sa mère, femme au foyer, se consacrait aussi à ses enfants. Pourtant ni Éric ni aucun de ses frères et sœurs n’aimait être à la maison, en particulier quand leur père était présent.

Notre foyer fonctionnait à merveille, mais seulement en apparence. En réalité, il était dirigé par la peur. Non pas que mon père nous ait jamais battus, bien qu’il nous ait fessés ou giflés à de très rares occasions. Mais malheur à nous si nous le mettions en colère. Nous ne savions jamais quel genre de punition nous recevrions…
Papa était passé maître dans l’art de la discipline et maintenait l’ordre en nous paralysant par une crainte permanente. Un soir d’été, il attrapa mon frère aîné Jérémie en train de se glisser hors de sa chambre par la fenêtre pour sortir avec ses amis. Papa courut à l’extérieur et attendit qu’il fût en sécurité sur le sol. Puis il décréta : « Eh bien, fils, il est clair que tu préfères traîner à l’extérieur. Peut-être alors que tu devrais y rester. »
Pendant le reste de l’été, Jérémie a dû prendre ses repas à l’extérieur, avec les chiens. « Peut-être qu’ainsi il apprendra à se comporter en être civilisé », expliqua papa aux plus jeunes d’entre nous. Jérémie quitta la maison à l’âge de seize ans et n’y remit jamais les pieds.
Une autre fois, papa interdit toute sortie à ma sœur aînée Marie, la sainte nitouche de la famille, pendant un été entier. Marie se montrait généralement très responsable, mais à la fin de sa seconde, elle avait manqué un cours et papa l’avait appris. Je la revois encore, parlant à ses amies à travers la clôture de notre jardin, jour après jour, semaine après semaine. Cette punition fut sans doute parmi les plus humiliantes.
Quant à moi, j’avais de nombreuses raisons de craindre pardessus tout de croiser le chemin de mon père. Mais un exemple suffira. Je devais avoir onze ou douze ans quand j’essayai de fumer pour la première fois. Mon père me prit sur le fait. Il m’envoya d’abord dans ma chambre où j’attendis sa venue pendant ce qui ressembla à une éternité. Puis il entra et m’expliqua que deux options s’offraient à moi. Je pouvais soit fumer entièrement tout le paquet que je venais d’entamer, soit l’exposer sur le rebord de ma fenêtre pendant un mois et expliquer à tous ceux qui entreraient (y compris mes frères, mes sœurs et mes amis) pourquoi il se trouvait à cet endroit et à quel point mon père jugeait le tabac répugnant. Je savais où me conduirait la première option (j’aurais sans nul doute été très malade), alors je choisis la seconde.
Pendant le mois qui suivit, je n’eus qu’une seule obsession : empêcher les gens d’entrer dans ma chambre. Je conservais même une crainte des cigarettes des années encore après l’incident. Je redoutais tant le tabac que chaque fois que je marchais dans la rue, je veillais à rester à l’écart du moindre mégot traînant sur le trottoir. Je craignais que papa passe par hasard et s’imagine que j’avais fumé.
Un jour, je reçus un devoir d’anglais pour lequel je savais qu’il me faudrait écrire le mot « cigarette ». J’étais si effrayé à la pensée de la conclusion qu’en tirerait mon père que je détruisis le devoir et prétextai n’importe quoi pour ne pas le présenter.
Essayer de fumer une cigarette peut sembler insignifiant, mais pas pour mon père… Au lycée, j’étais devenu assez rancunier à son égard et je faisais tout ce que je pouvais pour le contrarier. Il avait peut-être le dernier mot à la maison, me disais-je, mais nulle part ailleurs. Je pense qu’il est inutile de préciser que nous n’avons jamais eu (et n’avons toujours pas) la moindre relation digne d’être mentionnée.

Le récit d’Éric est malheureux, mais il éveillera certainement des souvenirs familiers pour de nombreux adultes : le souvenir d’un incident similaire qui gâcha ce qui aurait pu être une enfance heureuse. Malheureusement, les parents sont parfois à ce point aveuglés par leurs principes qu’ils sont incapables de suivre leur cœur. Prêts à « faire ce qui est juste » à tout prix, ils règnent sur leur territoire, mais trop souvent, ils perdent leurs enfants en chemin.

La discipline est probablement le mot le plus galvaudé du vocabulaire de l’éducation et aussi le moins compris. La discipline ne consiste pas seulement à punir. Qu’est-ce alors ? Il s’agit de direction, mais pas de contrôle ; de persuasion, mais pas de privation ou de coercition. Elle peut inclure la punition ou la menace de punition, mais jamais la cruauté ni la force. Elle ne devrait jamais impliquer l’usage d’un châtiment corporel, une attitude qui, selon moi, révèle une certaine banqueroute morale. Elle impliquera toujours une prise en compte affectueuse de la disposition intérieure de l’enfant. Comme mon grand-père, l’auteur Eberhard Arnold, l’exprimait : « C’est l’élément crucial. Elever un enfant devrait signifier l’aider à devenir ce qu’il est déjà dans l’esprit de Dieu. »

Heureusement, à travers notre éducation, mes frères, mes sœurs et moi avons reçu une telle considération de la part de nos parents et il en résulta une relation d’amour et de confiance réciproques qui perdura, sans discontinuer, jusqu’à la fin de leur vie. Bien entendu, cette relation était fondée sur une bonne part de discipline à l’ancienne, y compris des réprimandes tellement bruyantes et dramatiques (en particulier si nous répondions à notre mère) que nous restions honteux pendant des heures, certains que les voisins avaient tout entendu.

Les insultes et les moqueries étaient considérées comme des péchés capitaux dans notre maison. Comme tous les garçons et les filles, nous nous moquions parfois des adultes qui sortaient du lot à cause de l’une ou l’autre particularité, comme Nicolas, un voisin têtu qui bégayait et Guillaume, le bibliothécaire de l’école, pédant et extrêmement grand. Cependant, même si nos cibles ignoraient tout des jeux de mots qu’elles nous inspiraient, nos parents n’y décelaient aucune trace d’humour. Ils avaient du flair pour la cruauté, peu importe où elle se cachait, et ne la toléraient pas un seul instant.

Leurs colères ne duraient toutefois jamais longtemps et même si une punition était méritée, elle était parfois annulée à la faveur d’un baiser. Un jour, à l’âge de huit ou neuf ans, je mis mon père dans une telle colère qu’il menaça de me fesser. Alors que j’attendais le premier coup, je levai les yeux vers lui et, avant que je comprenne ce qui m’arrivait, je m’écriai : « Papa, je suis désolé. Fais ce que tu as à faire. Je sais que tu m’aimes encore. » A mon grand étonnement, il se pencha, mit ses bras autour de moi et dit avec une tendresse qui venait du plus profond de son cœur :« Christoph, je te pardonne. » Mes excuses l’avaient complètement désarmé. Cet incident m’ayant permis de comprendre à quel point mon père m’aimait, il est toujours resté très vivace dans ma mémoire. L’anecdote m’enseigna aussi une leçon que je n’ai jamais oubliée et dont je m’inspirai des années plus tard avec mes propres enfants : ne craignez pas de discipliner un enfant, mais dès que vous voyez ses regrets, veillez à lui pardonner immédiatement et complètement.

Comme la situation serait différente si chacun d’entre nous était prêt à appliquer une telle compassion, non pas en nous contentant d’embrasser nos propres enfants, mais en défendant la cause de tous les enfants, partout ! En l’état actuel des choses, nous élevons une génération d’enfants non seulement que nous n’aimons pas, mais que nous craignons. Les signes en sont nombreux : depuis les couvre-feux nocturnes dans certaines villes jusqu’à la répression d’actes insignifiants comme les graffitis. Mais le plus alarmant de tous ces signes est sans doute la progression fulgurante du taux d’incarcération juvénile.

Malgré l’échec manifeste de « solutions » aussi sinistres, l’attitude adoptée envers les jeunes et les enfants à risque et les lois votées pour régler leur sort deviennent de plus en plus répressives chaque année. Au Texas, des tests de lecture normalisés en primaire servent à estimer le nombre de nouvelles cellules de prison qui seront nécessaires au moment où ces enfants seront adultes (de faibles résultats étant supposés indiquer une plus grande propension au crime).

Il y a belle lurette que les traits de caractère des enfants sont utilisés pour prédire leur comportement d’adulte ; les psychologues et les psychiatres s’y emploient depuis des décennies. Mais qu’apprend-on d’une société dont les responsables misent sur l’échec de la génération suivante, sans qu’aucune protestation ne s’élève ? Qu’apprend-on sur la façon dont nous considérons les enfants, si nous laissons les gardiens-mêmes de leur avenir nourrir des rêves aussi fatalistes ?

De toute évidence, l’exploration satisfaisante de questions aussi cruciales sort du champ de ce livre. Ainsi que l’examen des nombreux autres problèmes qui devraient être abordés au préalable, comme la raison pour laquelle tant de jeunes condamnés rencontraient déjà des problèmes en classe et quels obstacles ont entravé leurs progrès à ce moment-là.

J’hésite aussi, en l’espace de ces quelques pages, à conseiller le lecteur sur la façon d’orienter et de discipliner l’enfant à la maison; après tout, chaque petit présente un ensemble unique de points forts et de points faibles, de promesses et de défis à relever, comme chaque parent. Il vaut peut-être mieux suivre la sagesse de Janusz Korczak (1878-1942), remarquable pédiatre juif, dont je raconterai l’histoire plus tard. Il écrit :

Vous êtes vous-même l’enfant que vous devez apprendre à connaître, à éduquer et, par-dessus tout, à éclairer. Exiger que d’autres vous donnent les réponses revient à confier la naissance de votre enfant à une étrangère. Certains constats seront uniquement engendrés par votre propre douleur et il s’agira des plus précieux. Recherchez en votre enfant cette partie inconnue de vous-même.

Pour ce qui est des constats nés dans la douleur, mon épouse Verena et moi en avons récolté à profusion en élevant huit enfants. Comme la plupart des parents, nous modifierions probablement beaucoup de choses si nous avions l’opportunité de tout recommencer. Un jour trop indulgents, le lendemain trop stricts, il nous est également souvent arrivé de soupçonner à tort ou d’avaler n’importe quoi. Evidemment, nous avons aussi appris plusieurs leçons fondamentales.

Quand un enfant est conscient d’avoir mal agi et que sa bêtise n’entraîne pas la moindre conséquence, il apprend qu’il peut très bien s’en tirer en toute impunité. Il est terrible pour l’enfant de recevoir ce message. Si le problème et la bêtise peuvent paraître insignifiants avec un tout petit, il n’en demeure pas moins que l’absence de réaction peut avoir des répercussions bien plus tard. Le vieux dicton « Petits enfants, petits soucis ; grands enfants, grands soucis » est facile à écarter. Comme la plupart des clichés, il contient pourtant une vérité significative. Un enfant de six ans chaparde peut-être des bonbons, mais à seize ans, il pourrait voler à l’étalage. Or, si la volonté d’un petit enfant peut être orientée avec une facilité relative, un adolescent rebelle ne peut être discipliné qu’au prix des efforts les plus épuisants.

Les conséquences sont donc nécessaires, mais elles ne suffisent pas. La discipline implique davantage que le flagrant délit et la punition. Il est bien plus important d’incliner la volonté de l’enfant vers le bien, ce qui nécessite de l’encourager chaque fois qu’il opte pour le bien au lieu du mal ou, comme ma mère avait coutume de l’expliquer, de le « rallier au bien ». Bien sûr, il ne s’agit en rien de manipulation, mais les élever ne consiste jamais uniquement à les faire obéir. Notre objectif sera plutôt toujours de les aider à gagner la confiance qui leur permettra d’explorer la vie tout en connaissant leurs limites. C’est en effet la meilleure préparation à la vie d’adulte.

Un journaliste demanda à l’auteur Anthony Bloom ce qui ressortait le plus clairement de son éducation maintenant qu’il était adulte. Bloom, fils d’un célèbre diplomate dont les voyages avaient entraîné la famille dans des aventures pittoresques partout dans le monde, répondit simplement :

Deux choses que mon père disait et qui m’ont impressionné et suivi tout au long de ma vie. L’une était celle-ci : Je me souviens qu’après les vacances, mon père me dit : « Je m’inquiétais pour toi. ». Je m’étonnai : « Pensais-tu que j’avais eu un accident ? » Il répondit : « Cela n’aurait pas eu grande importance… Je pensais que tu avais perdu ton intégrité. » Une autre fois, il me dit : « N’oublie jamais ceci : peu importe que tu sois vivant ou mort, ce qui importe est ce pour quoi tu vis et ce pour quoi tu es prêt à mourir. » Ces deux principes furent le fondement de mon éducation…

Contrairement aux pères comme celui de Bloom, qui inspirent l’intégrité au lieu de l’enseigner, certains parents succombent à l’habitude mesquine de vouloir prendre leur enfant la main dans le sac et d’utiliser cette preuve pour démontrer sa culpabilité. C’est un acte de violence morale. De même que se défier d’un enfant, l’espionner ou lui attribuer de mauvaises intentions, autant d’attitudes qui l’affaibliront en le portant à douter de lui-même. Critiquer et reprendre constamment un enfant finira également par le décourager. Pire, il se verra ainsi ôter la meilleure raison de vous faire confiance : la certitude que vous le comprenez. Fröbel écrivit :

Trop d’adultes blâment des enfants qui (même s’ils ne sont pas complètement innocents) ne dissimulent toutefois aucune culpabilité. Autrement dit, les enfants n’ont pas conscience des motivations et des incitations dont les adultes les accusent et qui rendent leurs actes « mauvais ». Les enfants sont souvent punis pour des choses qu’ils tiennent de ces mêmes adultes… Les parents leur inculquent alors de nouvelles fautes ou éveillent tout du moins leur attention à des idées qui n’auraient sans doute jamais germé spontanément dans leur esprit.

Naturellement, chaque enfant a besoin d’être corrigé régulièrement. La plupart en ont besoin plusieurs fois par jour. Mais quand les enfants sont punis trop sévèrement, le but ultime de la correction(les aider à prendre un nouveau départ) est assombri par la discipline elle-même. C’est pourquoi il vaut toujours mieux croire en la puissance du bien et laisser à l’enfant le bénéfice du doute.

Ainsi, une faute comme l’égoïsme est rarement identique chez les enfants et chez les adultes. Incapables de voir le monde autour d’eux autrement qu’à travers leur propre perspective limitée, les enfants y règnent en seigneurs absolus. En particulier lorsque, très jeunes, ils sont simplement (innocemment et avec raison) le centre de leur propre petit univers.

La malhonnêteté est un autre problème que les parents ont tendance à vouloir régler sans considération pour le point de vue de l’enfant. Il est très certainement important, lorsqu’un enfant s’est montré malhonnête, d’examiner les faits et de l’encourager à les affronter, mais il est rarement bénéfique d’approfondir les motivations de l’enfant et toujours néfaste de le contraindre à une confession. Après tout, c’est peut-être seulement l’embarras ou la honte qui a poussé l’enfant à vouloir se sortir d’une position difficile au moyen d’une fausse vérité ou même d’un mensonge éhonté, pour peu qu’il ait été mis sous pression ou effrayé. Les adultes ne réagissent-ils pas de la même manière pour des raisons identiques ?

Il est nécessaire de pardonner des dizaines de fois par jour, mais peu importe avec quelle fréquence un enfant s’attire des ennuis, ne perdez jamais foi en lui. A l’instar du mensonge, qui peut dire si le défaut dont un enfant cherche à se défaire n’est pas le reflet de la même erreur ou de la même propension chez ses parents ? Décréter qu’un enfant est sans espoir, c’est se laisser tenter parle désespoir et, dans la mesure où le désespoir est un manque d’espoir, il est aussi un manque d’amour. Si nous aimons réellement nos enfants, il peut nous arriver de lever les bras au ciel en signe de découragement, mais jamais nous ne renoncerons à leur sujet. Dieu a envoyé aux Hébreux non seulement la loi mosaïque mais aussi la manne, le pain du ciel. Sans un tel pain, à savoir sans chaleur, sans humour, sans tendresse et sans compassion, la discipline la plus soigneusement envisagée finit toujours par allumer un contre-feu.

Se montrer un ami et un compagnon, ainsi qu’un parent, exige incontestablement une double dose de patience et d’énergie, mais comme le souligne David, l’avocat qui renonça à son emploi pour assumer son rôle de père, peu de choses sont aussi gratifiantes :

Quand j’y songe, il est bien plus facile de vivre avec des enfants qui vous craignent qu’avec des enfants qui vous aiment, parce que si vos enfants vous craignent, quand vous rentrez chez vous, ils disparaissent. Ils se cachent. Ils vont dans leur chambre et ferment la porte, et vous leur facilitez la tâche en bourrant leurs chambres d’ordinateurs, de télévisions, de chaînes stéréo et plein d’autres choses. Mais si vous avez des enfants qui vous aiment, vous ne pouvez plus vous en défaire ! Ils s’accrochent à vos jambes, ils tirent sur votre pantalon, vous rentrez et ils réclament votre attention. Vous vous asseyez et ils vous grimpent dessus. Vous avez la sensation d’être un toboggan ambulant, mais vous vous sentez aussi aimé.

Le désir d’être vulnérable est également un aspect important de l’éducation. Peu d’expériences nous ont autant rapprochés de nos enfants, ma femme et moi, que les cas où nous avons réagi excessivement, avant d’en prendre conscience et de leur demander pardon. Plus que toute autre chose, nos excuses nous rappelaient que les enfants dépendent eux aussi de la promesse de pouvoir tout recommencer chaque matin. Ils devraient toujours jouir de la même opportunité, peu importe à quel point ils ont été désobéissants la veille. Et peu importe ce qu’ils traversent, ils devraient toujours avoir l’assurance que nous sommes prêts à les soutenir, à nous tenir, non pas au-dessus d’eux, mais bien à leurs côtés.

De toute évidence, chaque famille connaît ses hauts et ses bas, ses périodes d’épreuve et ses drames embarrassants. Il n’existe rien de plus complexe sur le plan émotionnel que la relation qui unit un parent à son enfant, mais il n’existe non plus rien d’aussi merveilleux. C’est à cela qu’il faut nous accrocher chaque fois que nous atteignons le bout de nos ressources.

Plus tôt dans ce même chapitre, j’ai fait référence à Janusz Korczak, dont les écrits sur les enfants sont respectés à travers toute l’Europe. Enseignant dont le dévouement désintéressé envers les orphelins du ghetto de Varsovie lui avait valu le titre de « Roi des enfants », Korczak ne se lassa jamais de rappeler quelle impression cela faisait d’être un enfant dans un monde adulte et souligna l’importance de les éduquer non pas « avec sa tête », mais bien« avec son cœur ».

L’insistance de Korczak sur ce qu’il appelait « se tenir du côté des enfants » ne resta pas pure théorie. Le 6 août 1942, alors que les deux cents orphelins confiés à ses soins étaient rassemblés et chargés dans des trains pour les chambres à gaz de Treblinka, Korczak refusa que des amis non-juifs organisent sa fuite en dernière minute et choisit plutôt d’accompagner ses protégés dans ce voyage horrible qui les amenait vers la mort.

Peu de cas de dévouement sont aussi émouvants que celui de Korczak et aussi surréalistes, peut-être à cause du gouffre qui sépare nos conditions de vie de celles, innommables qui exigèrent son sacrifice. Pourtant, malgré la distance entre son époque et la nôtre, bien trop d’enfants dans le monde moderne souffrent faute d’un tel gardien : un seul adulte qui les prendrait par la main et les accompagnerait quoi qu’il arrive. Même à nous, qui vivons àune époque de paix et de prospérité relatives, les dernières paroles de Korczak nous rappellent non seulement son héroïsme, mais encore lancent un défi à tous ceux d’entre nous qui ont jamais élevé (ou espèrent élever) un enfant : « On ne laisse pas des enfants malades la nuit, dit-il. Et on n’abandonne pas des enfants dans un moment comme celui-ci. »

Johann Christoph Arnold

Programmez la fin du monde

20090623_Asteroid_impact

Les faiseurs d’apocalypse vous prédisent la fin du monde pour 2012 ? Mais 2012, c’est loin ! Pourquoi attendre quand on peut programmer soi-même la destruction de la planète ? Le mieux est encore de balancer un bon astéroïde sur notre vieille Terre et tous les Bruce Willis version Armageddon n’y pourront rien. Mais une question cruciale se pose : quelle taille d’astéroïde choisir, quelle doit être sa composition, sa vitesse, son angle d’attaque, etc ? Compliqué… Si vous souhaitez une réponse à toutes ces interrogations, le simulateur “Impact : Earth !” est pour vous.

Développé par l’université Purdue (Indiana) et l’Imperial College, il s’agit avant tout d’un outil destiné aux chercheurs et aux étudiants, élaboré pour comprendre les dommages créés par un impact d’astéroïde. Ce qui n’empêche pas la NASA et le Département pour la sécurité intérieure des Etats-Unis de s’en servir pour imaginer des scénarios-catastrophes, ainsi que l’explique Time. C’est aussi un joujou amusant et pédagogique pour tous les destructeurs maléfiques qui sommeillent en nous…

Avant de lancer le programme, il vous faut déterminer plusieurs paramètres : le diamètre de l’astéroïde, sa composition (glace, roche poreuse, roche dense, fer sont prévus mais on peut rentrer n’importe quelle autre donnée de son choix), l’angle de l’impact, la vitesse de l’objet au moment de son arrivée chez nous, ainsi que le terrain qu’il rencontre : océan, roche sédimentaire, roche magmatique (comme le granite ou le basalte). Enfin, le simulateur vous demande de préciser à quelle distance de l’impact vous vous trouvez. Cela aura son utilité plus tard…

Pour évaluer les dégâts que je pouvais causer à la planète depuis mon fauteuil, j’ai commencé petit et multiplié le diamètre de mon projectile par 10 à chaque essai, comme un joueur de roulette qui mise de plus en plus au fur et à mesure que la partie avance… Tous les autres paramètres sont restés fixes : astéroïde de roche dense, angle de 45°, vitesse de 40 km/s au milieu de la fourchette proposée, point d’impact en roche sédimentaire comme notre Bassin parisien… Et je me suis installé le plus loin possible (pas fou !), exactement de l’autre côté de la Terre, à 20 000 kilomètres de là.

Premier essai avec un gros caillou de 10 m qui a fait l’effet d’un pétard mouillé. En effet, comme c’est le cas pour l’immense majorité des corps extra-terrestres qui nous arrivent droit dessus chaque jour (des poussières et du gravillon pour l’essentiel), l’atmosphère joue à plein son rôle protecteur. En raison du frottement de l’air, le projectile commence à se disloquer et à chauffer à environ 68 km du sol et se transforme en nuée de débris ardents à 32 km d’altitude. De gros fragments peuvent atteindre le sol mais ce sera tout. Ce genre d’intrusion arrive en moyenne tous les 44 ans.

Pour obtenir un véritable impact, il faut passer à la catégorie supérieure : 100 m de diamètre, soit la longueur d’un terrain de football. L’astéroïde est trop gros pour se consumer dans l’atmosphère et, même s’il se fractionne, il percute le sol à la vitesse hypersonique de 54 000 km/h ! L’énergie dégagée dans le choc est équivalente à celle de l’explosion de 42 millions de tonnes de TNT, soit 2 800 fois la bombe d’Hiroshima. Le cratère obtenu mesure 2 km de diamètre, soit un peu plus que le célèbre Meteor Crater situé en Arizona, qui a été creusé par un astéroïde deux fois plus petit mais plus dense car métallique. Les effets de l’impact restent très locaux. Statistiquement parlant, un astéroïde de cette taille frappe la Terre tous les 8 900 ans.

En arrivant à un diamètre d’un kilomètre, les choses sérieuses commencent et votre potentiel destructeur s’élève sérieusement tout en restant cantonné à l’échelle d’un petit pays. Le bestiau rocheux heurte le sol à la vitesse de 143 000 km/h et vous explose 20 millions de bombes d’Hiroshima d’un coup. Le cratère qui en résulte mesure 22 km de diamètre. Tout en étant de l’autre côté de la Terre, le bruit de l’explosion me parvient 17 heures après… 1,8 million d’années est l’écart qui sépare en moyenne deux catastrophes de ce genre.

Ajoutons un zéro au diamètre : 10 km, c’est quasiment le diamètre de Paris intramuros et de l’astéroïde qui, il y a 65 millions d’années, a créé un hiver nucléaire sur notre planète et fait disparaître les dinosaures. Tout cela a pris du temps. Le jour de l’impact, je vais sentir une petite brise tout en entendant un grondement équivalent à celui de la circulation automobile. Des poussières et des cendres finiront aussi par m’atteindre. Sur place en revanche, il n’y aura plus rien si ce n’est un grand cratère de 168 km de diamètre et de 1,38 km de profondeur. Et à des centaines de kilomètres à la ronde, la boule de feu résultant de l’explosion cataclysmique aura tout brûlé sur son passage. Selon “Impact : Earth !”, il s’écoule 370 millions d’années entre deux pareils événements.

Avec un monstre de 100 km de diamètre, on s’approche vraiment d’un scénario de fin du monde, même si l’on vit aux antipodes du lieu de la catastrophe, où un cratère plus grand que la France s’est creusé. Là où je suis, la secousse sismique due à l’impact se ressent clairement. Le bruit de l’onde de choc est intense et approche les 100 décibels. Le souffle de l’explosion peut atteindre 475 km/h et fait tomber les immeubles les plus hauts et les plus fragiles, ainsi que 90% des arbres. Il est même possible que la durée du jour soit modifiée de quelques secondes ! Ce genre de collision n’a pu se produire que pendant la jeunesse du système solaire qui ressemblait à un grand jeu de flipper cosmique.

On a donc atteint les limites plausibles du jeu. Mais comme c’est un jeu, ajoutons un dernier zéro. Car il se trouve qu’il existe un astéroïde (une planète naine en réalité) nommé Cérès, dont le diamètre approche le millier de kilomètres. Si Cérès, pour une raison aussi inconnue qu’improbable, quittait la ceinture d’astéroïdes dans laquelle elle se situe (entre Mars et Jupiter) et fonçait droit vers la Terre, que se passerait-il ? Un immense continent de roche en fusion s’étendrait sur des milliers de kilomètres autour du point d’impact, le souffle de l’explosion m’attendrait avec une vitesse approchant les 10 000 km/h et la boule de feu ferait le tour total de la Terre. Game over.

Pierre Barthélémy

mardi 12 octobre 2010

Le trésor dans le vase


Le trésor dans le vase


Savez-vous, mes chers amis, que l’Esprit qui demeure en vous est Dieu Lui-même ? Oh ! Que nos yeux s’ouvrent pour voir la grandeur du don de Dieu ! Oh ! Que nous réalisions la richesse des ressources cachées dans nos propres cœurs ! Je pourrais crier de joie lorsque je pense : « L’Esprit qui demeure en moi n’est pas une simple influence, mais une Personne vivante ; c’est Dieu Lui-même. Le Dieu infini est dans mon cœur ! » Je me sens incapable de vous faire comprendre la joie glorieuse de cette découverte, que le Saint-Esprit demeurant en mon cœur est une Personne ! Je ne puis que répéter : « Il est une Personne ! »et le répéter toujours à nouveau : « Il est une Personne ! » Oh ! Mes chers amis, je voudrais vous le dire cent fois : l’Esprit-Saint de Dieu en moi est une personne ! Je ne suis qu’un vase de terre, mais dans ce vase de terre, je porte un trésor d’une valeur inexprimable ! Le Seigneur de gloire

Tous les soucis et les tourments des enfants de Dieu cesseraient si leurs yeux s’ouvraient et voyaient la grandeur du trésor caché dans leur cœur. Savez-vous que dans votre cœur, il y a toutes les ressources nécessaires pour répondre aux exigences de toutes les circonstances dans lesquelles vous pourrez vous trouver ? Savez-vous qu’il y a assez de puissance pour remuer la ville où vous vivez ? Savez-vous qu’il y a là assez de puissance pour ébranler l’univers ? Laissez-moi vous le dire une fois de plus, et je le dis avec le respect le plus profond : vous qui êtes né de nouveaux par l’Esprit de Dieu, vous portez Dieu dans votre cœur !

Toute légèreté tomberait chez les enfants de Dieu, s’ils réalisaient la grandeur du trésor qui est déposé en eux. Si vous n’avez que cinq euros dans votre poche, vous pouvez marcher allégrement dans la rue, bavarder d’un cœur léger, en faisant tournoyer votre canne en l’air. Peu vous importe de perdre votre argent, car il n’a que peu de valeur. Mais si vous avez trois mille euros sur vous, votre position sera totalement différente, et votre conduite changera aussi. Vous aurez dans votre cœur une grande joie, mais vous ne vous promènerez pas distraitement dans la rue ; de temps à autre, vous ralentirez le pas, et glissant votre main dans votre poche, vous tâterez doucement votre trésor, pour poursuivre ensuite votre chemin avec une profonde satisfaction.

[… ] Comprenons-nous ce qui est arrivé à notre conversion ? Dieu est entré dans notre cœur pour en faire son temple. Aux jours de l’Ancien Testament, Dieu habitait un temple fait de pierres ; Il demeure aujourd’hui dans un temple composé de croyants vivants. Lorsque nous verrons réellement que Dieu a fait de nos cœurs son habitation, quel sentiment de profond respect remplira nos vies ! Toute légèreté, toute frivolité disparaissent, comme aussi toute recherche de soi-même, lorsque nous savons que nous sommes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu demeure en nous. Avons-nous vraiment réalisé que, partout où nous allons, nous portons en nous le Saint-Esprit de Dieu ? Nous ne portons pas simplement la Bible avec nous, ni même un riche enseignement sur Dieu, mais Dieu Lui-même.

La vie chrétienne normale – Watchman NEE

"Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort."



"Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort."

"Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort." 2 Corinthiens 12.10

La fragilité est généralement perçue comme un handicap, un point négatif dans votre vie ; vous la combattez comme un défaut ! Or, elle est sans doute l’une de vos plus grandes qualités, et vous l’ignorez ! Qui a remarqué que la fragilité du cristal n’est pas un défaut, c’est ce qui lui donne toute sa valeur ? Il en va de même pour vous !

Regardez combien coûte le véritable cristal ; plus il est fin, fragile, plus il est cher.

Vous et moi avons des fragilités, n’est-ce pas ? Pour vous, c’est peut-être votre moral si friable, qui fait de vous quelqu’un que les autres perçoivent comme instable ; pour d’autres, leur fragilité, c’est ce qu’ils appellent pudiquement "leur point faible" ; ou bien une santé sans cesse défaillante, ou encore un complexe encombrant ! Bref, dans votre vie, il y a une fragilité, ou même des fragilités, qui vous rendent vulnérable. Dans la société de performeurs et de winners dans laquelle vous évoluez, il ne fait pas bon montrer ses fragilités, et encore moins les revendiquer. Il faut les refouler, les combattre, les rejeter ! Paul aurait eu du mal à trouver sa place dans ce monde-là, lui qui était capable d’écrire que sa fragilité était une force !

Au fond, vous ne le savez peut-être pas, mais votre fragilité vous conduit dans l’humilité ; le fait de vous en souvenir n’est pas là pour vous détruire, mais pour vous encourager à trouver du secours dans le Dieu de votre salut. Dieu n’est pas le Dieu des superhéros (ces derniers n’ont jamais de dieu dans leur vie), ni des gens qui n’ont aucune faiblesse (ce qui n’existe pas, mais est le reflet de l’orgueil), toute la Bible vous apprend qu’il est le Dieu de gens qui ont leurs faiblesses ; des hommes et des femmes comme vous et moi ! Alors votre fragilité, devient votre chance, votre force, ce qui fait la différence.

Regardez combien coûte le véritable cristal ; plus il est fin, fragile, plus il est cher. Acceptez votre fragilité, quelle qu’en soit la forme, et trouvez votre refuge dans le Dieu du salut ! Un rien pourrait vous briser, mais dans sa main vous êtes à l’abri, alors vivez en paix ! Il n’est pas encore né celui qui vous brisera, tant que vous serez là, au creux de la main du Dieu tout-puissant qui vous fait grâce.



Seigneur, je reconnais ma fragilité pour ne pas dire mes fragilités, et je veux te laisser changer ma manière de les aborder ; je veux comprendre avec ton aide, qu’elles te donnent l’occasion d’enrichir ma vie, et je le confesse aujourd’hui. Amen.

Samuel Foucart


"Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort."



"Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort."

"Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort." 2 Corinthiens 12.10

La fragilité est généralement perçue comme un handicap, un point négatif dans votre vie ; vous la combattez comme un défaut ! Or, elle est sans doute l’une de vos plus grandes qualités, et vous l’ignorez ! Qui a remarqué que la fragilité du cristal n’est pas un défaut, c’est ce qui lui donne toute sa valeur ? Il en va de même pour vous !

Regardez combien coûte le véritable cristal ; plus il est fin, fragile, plus il est cher.

Vous et moi avons des fragilités, n’est-ce pas ? Pour vous, c’est peut-être votre moral si friable, qui fait de vous quelqu’un que les autres perçoivent comme instable ; pour d’autres, leur fragilité, c’est ce qu’ils appellent pudiquement "leur point faible" ; ou bien une santé sans cesse défaillante, ou encore un complexe encombrant ! Bref, dans votre vie, il y a une fragilité, ou même des fragilités, qui vous rendent vulnérable. Dans la société de performeurs et de winners dans laquelle vous évoluez, il ne fait pas bon montrer ses fragilités, et encore moins les revendiquer. Il faut les refouler, les combattre, les rejeter ! Paul aurait eu du mal à trouver sa place dans ce monde-là, lui qui était capable d’écrire que sa fragilité était une force !

Au fond, vous ne le savez peut-être pas, mais votre fragilité vous conduit dans l’humilité ; le fait de vous en souvenir n’est pas là pour vous détruire, mais pour vous encourager à trouver du secours dans le Dieu de votre salut. Dieu n’est pas le Dieu des superhéros (ces derniers n’ont jamais de dieu dans leur vie), ni des gens qui n’ont aucune faiblesse (ce qui n’existe pas, mais est le reflet de l’orgueil), toute la Bible vous apprend qu’il est le Dieu de gens qui ont leurs faiblesses ; des hommes et des femmes comme vous et moi ! Alors votre fragilité, devient votre chance, votre force, ce qui fait la différence.

Regardez combien coûte le véritable cristal ; plus il est fin, fragile, plus il est cher. Acceptez votre fragilité, quelle qu’en soit la forme, et trouvez votre refuge dans le Dieu du salut ! Un rien pourrait vous briser, mais dans sa main vous êtes à l’abri, alors vivez en paix ! Il n’est pas encore né celui qui vous brisera, tant que vous serez là, au creux de la main du Dieu tout-puissant qui vous fait grâce.



Seigneur, je reconnais ma fragilité pour ne pas dire mes fragilités, et je veux te laisser changer ma manière de les aborder ; je veux comprendre avec ton aide, qu’elles te donnent l’occasion d’enrichir ma vie, et je le confesse aujourd’hui. Amen.

Samuel Foucart